![Sanctuaire fédéral des Trois Gaules Sanctuaire fédéral des Trois Gaules](https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f4/Sesterce_Auguste_autel_de_Lyon.jpg/400px-Sesterce_Auguste_autel_de_Lyon.jpg)
Le sanctuaire fédéral des Trois Gaules est un ensemble architectural romain érigé en 12 av. J.-C. à Lyon, principale ville de la Gaule conquise par Jules César, par Drusus, beau-fils de l'empereur Auguste.
En 14 av. J.-C., l'empereur Auguste divise la vaste province impériale de Gaule (chef-lieu : Lyon), conquise depuis -52, en trois provinces nouvelles : la Gaule lyonnaise (Lyon), la Gaule aquitaine (Saintes, ultérieurement Bordeaux) et la Gaule belgique (Reims), qui s'ajoutent à la province sénatoriale de la Gaule narbonnaise, conquise dès -118.
Lyon (Lugdunum, de son nom gaulois latinisé), cité de droit romain créée en -43 par Munatius Plancus, conserve cependant après ce découpage un statut particulier de « capitale fédérale des Trois Gaules », lieu de réunion annuelle assigné aux représentants de la soixantaine de cités gauloises reconnues par Rome après la conquête (cité des Parisii, des Arvernes, des Namnètes, des Rèmes, etc.) , inclues dans les provinces de Lyonnaise, Aquitaine et Belgique.
Cette assemblée avait lieu chaque année à Lyon le 1er août, date anniversaire de la prise d'Alexandrie par Auguste et fête du dieu gaulois Lug, dieu éponyme de la ville, principalement en relation avec le culte de l'empereur et le culte de Rome, dans un ensemble architectural, le sanctuaire fédéral des Trois Gaules, établi sur la colline de la Croix-Rousse, sur les pentes orientées vers la Saône, aujourd'hui dans un espace vert situé près de la rue des Tables Claudiennes, autre vestige archéologique important de Lugdunum.
Des vestiges archéologiques attestent que le sanctuaire se trouvait sur le versant sud de la colline de la Croix-Rousse, située entre la Saône et le Rhône, juste au nord de ce qu'on appelle la presqu'île (du nord au sud : place des Terreaux, place Bellecour, Confluence), secteur totalement plat.
Le site du sanctuaire se trouve à environ 200 m au nord-est de la Saône (fresque des Lyonnais), à 500 m à l'ouest du Rhône (pont Morand) et à 400 m au nord-ouest de la place des Terreaux (mairie de Lyon et musée des Beaux-Arts), à une altitude d'une quinzaine de mètres et sur une pente assez marquée.
Sur le plan de Lyon, le secteur concerné, signalé par la mention « Amphithéâtre des Trois Gaules », se trouve entre la rue Lucien-Sportisse au sud et la rue des Tables-Claudiennes au nord.
Le géographe Strabon le décrit en ces termes : « C'est là qu'on voit ce temple ou édifice sacré, hommage collectif de tous les peuples de la Gaule, érigé en l'honneur de César Auguste : il est placé en avant de la ville, au confluent même des deux cours d'eau, et se compose d'un autel considérable, où sont inscrits les noms de soixante peuples, d'un même nombre de statues, dont chacune représente un de ces peuples, enfin d'un grand naos ou sanctuaire ».
L'autel monumental, dédié à Rome et à Auguste en l'an -12, et son soubassement de 50 m de long sont en marbre ; les deux victoires ailées qui se dressent à ses côtés, en bronze doré, tiennent de grandes palmes et des couronnes d'or. Elles sont posées sur des colonnes de granite gris jaune provenant d'Égypte, terminées par des chapiteaux sans doute doriques. Ces colonnes ont vraisemblablement été récupérées au XIe siècle et sciées en deux : elles formeraient aujourd'hui les quatre piliers de la croisée du transept de la basilique Saint-Martin d'Ainay qui soutiennent la coupole. Les noms des 60 (ou 64) peuples de Gaule étaient inscrits sur cet autel et chaque nation était représentée par une statue.
C'est aussi dans ce sanctuaire qu'étaient exposées les Tables Claudiennes, plaque de bronze (2,50 m x 1,93 m) sur laquelle était gravé le discours prononcé devant le Sénat de Rome par l'empereur Claude en 48, accordant aux chefs des nations gauloises l'éligibilité aux magistratures romaines et au sénat romain. Ce discours nous est aussi connu par une version de Tacite.
La partie inférieure, en deux morceaux, de ces tables de bronze a été découverte en 1528 par un drapier, dans sa vigne située sur l'emplacement du sanctuaire. Ces fragments sont aujourd'hui conservés au musée de la civilisation gallo-romaine (à Fourvière).
Construit sous Tibère sur l'esplanade du sanctuaire des trois Gaules pour accueillir le « conseil des Gaules », le monument[pas clair] est reconverti en amphithéâtre sous le règne d'Hadrien et sa capacité est portée à 20 000 spectateurs.
Cet amphithéâtre est, en 177, le lieu de supplice des martyrs de Lyon, notamment sainte Blandine et saint Pothin. Un poteau en bois, au centre de l'arène, commémore cet événement depuis la visite de Jean-Paul II à Lyon en 1986.
La portion sud de l'amphithéâtre se situe sous la chaussée de la rue Lucien Sportisse. Durant les années 60, des fouilles avaient dégagé temporairement ces vestiges. Une partie est a été détruite lors de la construction en 1860 du tunnel du funiculaire menant au plateau de la Croix-Rousse, transformé en tunnel routier en 1967.
En 2011, Daniel Frascone propose une autre hypothèse de localisation, qui ne remet pas en question la situation sur la colline de la Croix-Rousse.
Il fonde son argumentation sur un sondage archéologique réalisé en 2006, qui le conduit à situer le sanctuaire entre le bas de l’actuelle rue Burdeau et le haut de la rue des Tables-Claudiennes, dans la partie inférieure du versant sud de la colline de la Croix-Rousse.
Il propose également une nouvelle hypothèse de reconstitution du sanctuaire. Il place l'entrée du sanctuaire à l'intersection des rues Burdeau et Pouteau et l'autel au sommet de la colline. Les deux n'étant plus alors reliés que par un cheminement de rampes qui prend place entre la montée de la Grande-Côte et la montée Saint-Sébastien et dont le tracé actuel des rues garde la trace. Il appuie son argumentation sur de nombreux exemples de sanctuaires à étages connus ou supposés dans l'Empire (Sanctuaire de la Fortuna Primigenia, sanctuaire de Zeugma, de Tarragone).
Armand Desbat admet que cette démonstration est séduisante, mais la rejette parce que son auteur ne tient pas compte d'autres traces archéologiques de la fouille de 2006 ni de celles résultant de fouilles antérieures.
De plus, au regard des nombreuses autres cartes, croquis et plans scénographiques de Lyon, rien ne permet de dire que les percements de la montée Saint-Sébastien et de la Grande-Côte soient antiques comme le suppose Daniel Frascone. La proposition d'A. Audin reste donc maintenue.
Ce rassemblement réunissait 60 ou 64[pas clair] délégués qui formaient une assemblée de notables appelée « le conseil des Gaules » (concilium Galliarum). Chaque délégué était choisi par l'assemblée des décurions de sa cité.
Le conseil des Gaules avait une fonction religieuse : rendre un culte aux divinités de l'Empire, à Rome et à Auguste et renouveler chaque année l'allégeance à la puissance protectrice. Les solennités religieuses consistaient en sacrifices, processions, jeux, concours d'éloquence et de poésie.
Elle exerçait également un rôle administratif et politique. Le conseil des Gaules communiquait avec l'empereur directement : il lui transmettait les vœux et les plaintes des populations gauloises. C'est ce conseil qui tente quelquefois de négocier une solution à l'amiable avec l'empereur.
Chaque année, était nommé un prêtre dévolu à ce culte.
On connaît les noms d'environ dix-sept prêtres (sacerdotes) du sanctuaire, notamment le premier, l'Éduen Caius Julius Vercondaridubnus, nommé le 1er août 12 av. J.-C., le seul à être connu par des sources littéraires[réf. nécessaire].
Les autres sont connus par l'épigraphie, c'est-à-dire les inscription gravées, pratique très courante dans la civilisation romaine, qui a laissé des vestiges par milliers, mais ne fournit pas de détails biographiques sur les intéressés.
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