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Élection présidentielle américaine de 1988


Élection présidentielle américaine de 1988


L'élection présidentielle américaine de 1988 est la cinquante-et-unième élection présidentielle depuis l'adoption de la Constitution américaine en 1787. Elle se déroule le mardi .

Le taux de participation fut le plus faible de l'histoire récente et le plus faible depuis l'élection présidentielle de 1924. George H. W. Bush devient le premier vice-président sortant à être élu depuis Martin Van Buren lors de l'élection présidentielle de 1836. Malgré la victoire de Bush, le Parti démocrate renforce son contrôle sur le Congrès.

Conditions d'éligibilité

Ne peuvent se présenter, selon l'article II section première de la Constitution, que les citoyens américains :

  • Américains de naissance ;
  • âgés d'au moins 35 ans ;
  • ayant résidé aux États-Unis depuis au moins 14 ans.

Depuis l'adoption du XXIIe amendement en 1947 par le Congrès et sa ratification en 1951, les anciens présidents qui ont déjà été élus deux fois ne sont plus éligibles.

Les présidents Gerald Ford et Jimmy Carter, qui n'ont effectué qu'un seul mandat (non complet pour Ford), étaient donc éligibles pour se présenter, mais renoncèrent à cette possibilité. Ronald Reagan, ayant été élu à deux reprises, n'était quant à lui pas éligible pour se présenter,.

Pour la première fois depuis l'élection présidentielle de 1968, le président sortant n'était pas candidat à sa succession.

Contexte

Lors des élections de mi-mandat en novembre 1986, le Parti démocrate reprend le contrôle du Sénat et devient majoritaire dans les deux chambres du Congrès. La révélation de l'affaire Iran-Contra joua un grand rôle dans la défaite républicaine, et rejaillit sur Ronald Reagan qui connaît une érosion de sa popularité.

Nominations

Parti démocrate

Ticket

Candidats à la nomination

Personnalités ayant renoncé à se présenter aux primaires

  • Jimmy Carter, ancien président des États-Unis (1977-1981) et candidat démocrate à la présidence en 1976 et en 1980
  • Mario Cuomo, gouverneur de l'État de New York depuis 1983
  • Edward Moore Kennedy (dit Ted), frère de John Fitzgerald Kennedy et de Robert Francis Kennedy, sénateur fédéral du Massachusetts depuis 1969 et candidat à la nomination démocrate en 1980
  • Walter Mondale, ancien vice-président des États-Unis (1977-1981) et candidat démocrate à la présidence en 1984

Parti républicain

Ticket

Candidats à la nomination

Personnalités ayant renoncé à se présenter aux primaires

  • Gerald Ford, ancien président des États-Unis (1974-1977) et candidat à la présidence en 1976
  • Donald Trump, homme d'affaires et promoteur immobilier (État de New York)

Parti libertarien

Ticket

Candidats à la nomination

  • Russell Means, activiste amérindien
  • James A. Lewis (en), candidat libertarien à la vice-présidence en 1984

Campagne

En janvier 1987, le Time Magazine publie un article dans lequel il pose la question de savoir « Quel est le vrai George Bush ? ». En mars, Jimmy Carter prédit que le vice-président sortant sera le futur candidat républicain à la présidence et annonce qu'il renonce à se représenter.

Le premier évènement important de la campagne arrive assez vite. Le , le Miami Herald révèle que l'ancien sénateur du Colorado Gary Hart aurait une liaison extraconjugale,. Dans un premier temps, Hart nie les faits, notamment lorsqu'un journaliste du Washington Post lui demande s'il a déjà commis un adultère. Après avoir tenté de résister aux diverses pressions, il se retire deux semaines plus tard,. Ce fut le premier évènement d'une longue série de révélations et d'attaques en séries contre des candidats. Hart était pourtant le candidat le plus crédible pour le Parti démocrate après le refus du gouverneur de l'État de New York Mario Cuomo de concourir aux primaires. Commentant le retrait de Hart, le journal Le Monde écrivit la chose suivante :

L'affaire créé des remous jusqu'au sein des rédactions, mais la pratique finit par se répandre,.

Le , un des figures montantes du Parti démocrate, le sénateur du Delaware Joe Biden, annonce sa candidature aux primaires du parti.

Le , le sénateur du Nevada Paul Laxalt se retire des primaires du Parti républicain, presque quatre mois après l'annonce de sa pré-candidature, son comité exploratoire ne parvenant pas à récolter suffisamment de fonds pour mener campagne. À ce moment-là, le vice-président sortant George H. W. Bush et ses équipes avaient déjà récolté 11 millions de dollars. George H. W. Bush déclare officiellement sa candidature le suivant. Onze jours plus tôt, le pasteur télévangéliste Pat Robertson entre officiellement en campagne,,. Entre-temps, le sénateur du Delaware Joe Biden se retire des primaires du Parti démocrate, miné par des accusations de plagiat et diverses gaffes,,,. En octobre, un sondage commandé par CBS News et The New York Times indique que les candidats favoris des primaires sont George H. W. Bush et Bob Dole pour le Parti républicain et Michael Dukakis et Paul Simon pour le Parti démocrate. En décembre, Gary Hart revient dans la course aux primaires du Parti démocrate. Mais sa campagne patine, victime des révélations du Miami Herald.

Le premier évènement marquant de la campagne est la défaite surprise de George H. W. Bush lors du caucus de l'Iowa, où il termina seulement troisième derrière Bob Dole et Pat Robertson,.

Le , l'ancien secrétaire d'État de Ronald Reagan et ancien commandant suprême de l'OTAN Alexander Haig se retire des primaires du Parti républicain avant la tenue de la primaire du New Hampshire, apportant son soutien au sénateur du Kansas Bob Dole,. Il faut dire que les sondages pour la primaire du New Hampshire lui étaient très défavorables, avec à peine 1 % des sondés se déclarant en sa faveur (sondage pour CBS News réalisé auprès de 499 personnes). Malgré son retrait, des bulletins de votes à son nom furent imprimés pour 16 primaires où la date limite pour retirer sa candidature était dépassée. Trois semaines plus tard, George H. W. Bush triomphe lors du Super Tuesday en remportant la quasi-totalité des primaires du jour (sauf celle de l'État de Washington). Malgré son échec lors du caucus de l'Iowa, le vice-président sortant parvient à survoler la campagne des primaires, bien aidé par le bon bilan de l'administration Reagan auquel il contribua, notamment en politique étrangère,,. Jamais le Parti démocrate ne fut en mesure d'exploiter les échecs de l'administration, notamment la gestion des rapports avec le Panama de Manuel Noriega, l'intervention américaine durant la Guerre du Liban ou les aides militaires consenties au Nicaragua. De manière surprenante, le protectionnisme émergea comme un thème majeur de la campagne, porté notamment par le représentant démocrate du Missouri Dick Gephardt.

Le , Bob Dole se retire des primaires du Parti républicain et apporte son soutien à George H. W. Bush.

En juin, un sondage indique que les Américains craignent davantage la concurrence économique du Japon que la concurrence militaire de l'Union soviétique.

Lloyd Bentsen fut le troisième candidat démocrate à la vice-présidence originaire du Texas depuis l'élection présidentielle de 1932. Après la Convention nationale du Parti démocrate (en), Michael Dukakis avait 17 points d'avance sur George H. W. Bush d'après l'institut Gallup,. Au même moment, 60 % des Américains pensaient que le pays allait dans la « mauvaise direction ». Dukakis souffrait cependant d'un déficit d'image. 28 % des électeurs le considérait comme « libéral » tandis que 25 % des électeurs démocrates du Sud le considérait comme « conservateur ». Alors que son programme économique était ambitieux, les difficultés économiques et les hausses d'impôts qu'il a consenti comme gouverneur du Massachusetts sont venues s'immiscer dans la campagne,. En plus de cela, il déclare que l'élection se jouera non pas sur l'idéologie mais les compétences propres de chaque candidat. Il fut aussi handicapé par le fait que Lloyd Bentsen concourait également pour conserver son siège de sénateur. Son choix de colistier lui aliéna également le soutien d'une partie des partisans de Jesse Jackson. À la surprise générale, George H. W. Bush ne choisit pas Jack Kemp, une personnalité pourtant appréciée au sein du parti comme colistier, mais Dan Quayle, jeune sénateur inexpérimenté de l'Indiana,.

À partir du mois d'août, la campagne devint extrêmement agressive. Le magazine Time fit justement remarquer que Dukakis voulait adoucir son programme pour masquer le libéralisme du Parti démocrate, tandis que George H. W. Bush voulait cacher ses défauts de conception de programme,. En septembre, 45 % des Américains considéraient toujours que le pays allait dans la « mauvaise direction ». Paradoxalement, un autre sondage publié un mois plus tôt indiquait que 69 % des Américains estimaient connaître une meilleure situation personnelle qu'en 1980. Cependant, George H. W. Bush devançait largement Michael Dukakis dans les sondages,.

George H. W. Bush a fait principalement campagne sur les impôts, la défense et la criminalité. Il a notamment réussi à mettre en avant les lacunes de son adversaire en matière de politique de défense.

Un sondage publié par NBC News et le Wall Street Journal quelques jours avant le vote montrait que 62 % des électeurs désapprouvaient les méthodes utilisées pendant la campagne pour dénigrer certains candidats.

Débats

Lors du second débat, Michael Dukakis ne parvient pas à se défaire de son image d'homme froid et distant. Sa réponse sur une question concernant la peine de mort en prenant l'exemple du meurtre de son épouse ne lui a pas permis d'attendrir le public, au contraire de son adversaire,.

De son côté, Lloyd Bensten remporte le débat face à Dan Quayle, qui effectue plusieurs gaffes notamment en tentant de se comparer à l'ancien président John Fitzgerald Kennedy.

Collection James Bond 007

Résultats

Analyse

Par rapport à l'élection précédente, le Parti républicain a perdu près de 6 millions d'électeurs tandis que le Parti démocrate en a gagné près de 4 millions. Une partie des Reagan Democrats se retourna sur Michael Dukakis. Le politologue Kevin Phillips (en) écrivait à ce propos après la réélection de Reagan que l'électorat républicain était « trop disparate ». George H. W. Bush fut le dernier président élu avec la majorité absolue des suffrages du vote populaire jusqu'à l'élection présidentielle de 2004.

Certains analystes considèrent que la victoire de George H. W. Bush s'est jouée très tôt, grâce au bon état de santé de l'économie américaine et à la popularité de Ronald Reagan. D'ailleurs, un sondage commandé par le Los Angeles Times à la sortie des urnes indique que 60 % des Américains sont satisfaits de la présidence de Ronald Reagan. De même, 68 % des Américains estimaient en septembre 1988 que l'économie américaine se portait bien (sondage pour CBS News et The New York Times). D'autres considèrent en revanche que Michael Dukakis a perdu à cause des messages de campagne, notamment la photo désastreuse sur un char M1 Abrams et son positionnement en faveur de l'abolition de la peine de mort.

Comme tous les présidents élus issus du Parti républicain depuis le début du XXe siècle, George H. W. Bush l'a emporté en Californie, dans l'Illinois et dans l'Ohio. De même, comme à quasiment chaque élection depuis l'élection présidentielle de 1904 (sauf en 1956), le vainqueur a gagné dans le Missouri,. Parmi les sept swing states identifiés (Californie, Illinois, Michigan, New Jersey, Ohio, Pennsylvanie, Texas), aucun n'a voté majoritairement pour Michael Dukakis. 23 États ont voté majoritairement pour le candidat issu du Parti républicain pour la sixième fois consécutive depuis l'élection présidentielle de 1968, George H. W. Bush l'emportant dans 40 États,,. Michael Dukakis fut le premier candidat issu du Parti démocrate à l'emporter dans des États de l'Ouest depuis Hubert Humphrey lors de l'élection présidentielle de 1968. D'ailleurs, depuis cette élection, qualifiée de « Réalignement politique (en) », le Parti républicain l'a emporté cinq fois sur six (sauf en 1976),. Pire, sur les quarante dernières années, le Parti démocrate n'a dépassé les 50,1 % qu'une seule fois, lors de l'élection présidentielle de 1964.

En même temps, 98 % des élus de la Chambre des représentants furent réélus, tandis que le Parti démocrate renforça son contrôle sur le Congrès,.

Notes et références

Notes

Références

Voir aussi

Articles de revues

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) C. Anthony Broh et Larry Bartels (en), « A Review : The 1988 Presidential Primaries », Public Opinion Quarterly, vol. 53, no 4,‎ , p. 563-589 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Everett Carll Ladd (en), « The 1988 Elections : Continuation of The Post-New Deal System », Political Science Quarterly (en), vol. 104, no 1,‎ , p. 1-18 (lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Norman Ornstein (en) et Mark Schmitt (en), « The 1988 Election », Foreign Affairs, vol. 68, no 1,‎ , p. 39-52 (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Georges Ayache, Les présidents des Etats-Unis : Histoire et portraits, Paris, Perrin, , 480 p. (ISBN 978-2-262-06420-4, présentation en ligne, lire en ligne).
  • Marc Chaux, Les vice-présidents des Etats-Unis des origines à nos jours : Les délaissés de l'histoire américaine, Paris, L'Harmattan, coll. « Chemins de la mémoire », , 360 p. (ISBN 978-2-336-74107-9, présentation en ligne).
  • Hélène Harter et André Kaspi, Les présidents américains : De George Washington à Donald Trump, Paris, Tallandier, coll. « Texto », , 272 p. (ISBN 979-10-210-3753-3, présentation en ligne).
  • André Kaspi, Les Américains : Les États-Unis de 1945 à nos jours, t. 2, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire », , 544 p. (ISBN 978-2-7578-4155-6, présentation en ligne).
  • Pierre Mélandri, Histoire des États-Unis : Le déclin ? (depuis 1974), t. 2, Paris, Perrin, coll. « Tempus », , 837 p. (ISBN 978-2-262-04315-5, présentation en ligne).
  • Jacques Portes, Histoire des États-Unis : De 1776 à nos jours, Paris, Armand Colin, coll. « U histoire », , 432 p. (ISBN 978-2-200-61809-4, présentation en ligne, lire en ligne).
  • Pierre Razoux, La guerre Iran-Irak : Première guerre du Golfe 1980-1988, Paris, Perrin, coll. « Synthèses historiques », , 616 p. (ISBN 978-2-262-04195-3, présentation en ligne, lire en ligne).
  • John Roberts et Odd Arne Westad (trad. Antoine Bourguilleau), Histoire du monde : L'âge des révolutions, t. 3, Paris, Perrin, coll. « Tempus », , 768 p. (ISBN 978-2-262-07699-3, présentation en ligne, lire en ligne).
  • Philippe Valode, Les Présidents des Etats-Unis, Paris, Éditions de l'Archipel, , 212 p. (ISBN 978-2-84187-745-4).
  • Bertrand Van Ruymbeke, Histoire des États-Unis : De 1492 à nos jours, Paris, Tallandier, , 880 p. (ISBN 979-10-210-2588-2, présentation en ligne).
  • Odd Arne Westad (trad. de l'anglais par Martine Devillers-Argouarc’h), Histoire mondiale de la Guerre froide : 1890-1991, Paris, Perrin, coll. « Domaine étranger », , 718 p. (ISBN 978-2-262-07584-2, présentation en ligne, lire en ligne).
  • Howard Zinn (trad. de l'anglais par Frédéric Cotton), Une histoire populaire des Etats-Unis d'Amérique : De 1492 à nos jours, Marseille, Agone, coll. « Des Amériques », , 812 p. (ISBN 2-910846-79-2, présentation en ligne, lire en ligne).

Filmographie

  • 2018 : The Front Runner de Jason Reitman, film consacré à la campagne de Gary Hart

Sources

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Commission électorale fédérale, FEC Journal of Election Administration, vol. 15, Washington, , 42 p. (lire en ligne).

Liens externes

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