Marcel Ophüls, né Hans Marcel Oppenheimer le à Francfort-sur-le-Main (république de Weimar), est un documentariste de nationalité franco-allemande, mais essentiellement actif en France. Ses œuvres majeures, comme Le Chagrin et la Pitié ou L'Empreinte de la justice, sont inspirées par son expérience de la guerre et de la Shoah.
Il a obtenu l'Oscar du documentaire en 1989 pour Hôtel Terminus : Klaus Barbie, sa vie et son temps.
Biographie
Marcel Ophuls est le fils du réalisateur juif allemand Max Ophüls et de l'actrice allemande Hildegard Wall.
Jeune, il fuit l'Allemagne nazie vers la France, puis les États-Unis, où il verra son père, Max Ophüls, humilié par les studios et les producteurs français et américains, ce qui expliquera ses conflits permanents avec le monde du cinéma (ainsi que ses difficultés à trouver des collaborateurs dans le domaine de la production).
Pendant la période américaine de son père, il fut G.I. et envoyé au Japon. Après avoir assisté de grands noms de la réalisation (John Huston, Julien Duvivier, son père...), il débute assez discrètement dans la réalisation. Jean de Baroncelli, qui avait jugé sans enthousiasme son sketch de L'Amour à vingt ans, « un peu pâlot, mais où on décelait, à défaut d'une forte personnalité, des qualités certaines d'exécution », voit dans Peau de banane« une aimable comédie, absolument dépourvue de prétention », tout en remarquant que « d'un film à l'autre, le talent de Marcel Ophuls ne s'en est pas moins étoffé ».
Mais après quelques téléfilms et comédies « sans prétention », Marcel Ophuls change radicalement de voie et de dimension en 1969, avec Le Chagrin et la Pitié : ce documentaire d'investigation sur l'occupation allemande à Clermont-Ferrand et le régime de Vichy, entre 1940 et 1944, fait voler en éclats le mythe résistancialiste. C'est une véritable bombe pour les milieux tant cinématographiques que politiques. Le film est censuré par l'ORTF et n'est diffusé à la télévision qu'après l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Il est nommé aux Oscar dans la catégorie du meilleur film documentaire.
Marcel Ophuls est élu membre de l'Académie des arts de Berlin en 1984.
En , il est promu commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres. Une rétrospective lui est consacrée la même année à la Cinémathèque française.
Engagement
Marcel Ophuls est membre du comité d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).
Filmographie
Comme réalisateur
Au cinéma
1960 : Matisse ou Le Talent du bonheur, documentaire de 20 min
1962 : L'Amour à vingt ans (sketch Munich)
1963 : Peau de banane, 105 min
1965 : Faites vos jeux, mesdames ou Feu à volonté, 86 min
1966 : Duel à la vodka (Zwei Girls vom roten Stern), coréalisé avec Sammy Drechsel (de)
1969 : Le Chagrin et la Pitié. Chronique d'une ville française sous l'Occupation, documentaire de 270 min
1972 : À ceux qui perdent (A Sense of Loss), documentaire de 135 min
1976 : L'Empreinte de la justice, documentaire de 278 min
1988 : Hôtel Terminus. Klaus Barbie, sa vie et son temps, documentaire de 267 min
1994 : Veillées d'armes : histoire du journalisme en temps de guerre, documentaire de 224 min
2009 : Max par Marcel, documentaire de 81 min
2013 : Un voyageur, documentaire autobiographique de 106 min
À la télévision
1957 : Der Punkt auf dem i (Les points sur les "i"), réalisé sous le pseudonyme de Marcel Wall, 43 min
1957 : Die Ballade vom Groschen (La ballade de cinq centimes), réalisé sous le pseudonyme de Marcel Wall, 20 min
1958 : Standpunkte (Points de vue), réalisé sous le pseudonyme de Marcel Wall, 8 min
1958 : Das Pflichtmacht, réalisé sous le pseudonyme de Marcel Wall, 50 min
1967 : Munich ou La Paix pour cent ans, documentaire de 172 min
1970 : Auf des Suche nach meinem Amerika (À la recherche de mon Amérique), 147 min
1970 : Clavigo, téléfilm réalisé en collaboration avec Fritz Kortner
1970 : La Moisson de My Lai, téléfilm de 42 min
1970 : Zwei ganze Tage, téléfilm de 74 min
1980 : Kortnergeschichten, documentaire pour la télévision
1982 : Yorktown, le sens d'une victoire, documentaire pour Antenne 2, 86 min
1982 : Festspiele (Festival), téléfilm, 86 min
1990 : November Days, documentaire pour la télévision qui a bénéficié d'une sortie en salles en 1991, 129 min
Comme assistant réalisateur
1952 : La Fille au fouet de Jean Dréville
1952 : Moulin Rouge de John Huston
1955 : Marianne de ma jeunesse de Julien Duvivier
1955 : Lola Montès de Max Ophüls
Distinctions
Festival du film francophone de Dinard : Grand prix en 1970, pour : Le Chagrin et la Pitié
Publications
Jean-Luc Godard et Marcel Ophuls, Dialogues sur le cinéma, Lormont, Éditions Le Bord de l'eau, coll. « Ciné-politique », , 100 p. (ISBN 978-2-35687-132-9).
Marcel Ophuls, Mémoires d'un fils à papa, Paris, Calmann-Lévy, , 312 p. (ISBN 978-2-7021-4273-8, OCLC 873616588).
Bibliographie
Vincent Lowy, Marcel Ophuls, Lormont, Le bord de l’eau, , 265 p. (ISBN 978-2-35687-004-9).
Fernande Bartfeld et Stéphane Kerber (éd.), Regards sur Marcel Ophuls, Jérusalem, Revue Perspectives, Magnès, 2017, 279 p.
Documentaire sur Marcel Ophuls
2005 : Marcel Ophuls, paroles et musique de François Niney et Bernard Bloch. Diffusé par France 3, 54 min.
2012 : Marcel Ophuls, sa vie, son œuvre, son siècle, documentaire radio de Stéphane Brou, France Inter, 39 épisodes de 10 min, diffusés entre le et le .