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Haute couture


Haute couture


La haute couture est le secteur professionnel dans lequel exercent les créateurs de vêtements de luxe. Aujourd'hui, elle s'organise autour de « maisons de haute couture », des enseignes pour certaines assez anciennes, auxquelles de nombreux grands couturiers ont collaboré au fil des années. Elle joue un rôle d'avant-garde et ses œuvres préfigurent la mode.

En France, d'où elle est originaire, la « haute couture » est une appellation juridiquement protégée émanant d'un décret de 1945. Les maisons de haute couture doivent répondre à un certain nombre de critères : travail réalisé à la main dans les ateliers de la maison, deux ateliers, nombre d'employés, l'unicité de pièces sur mesure, deux défilés dans le calendrier de la haute couture chaque année, nombre de passages par défilé (au moins vingt-cinq), utilisation d'une certaine surface de tissu. De plus, Didier Grumbach précise que « chaque couturier postulant pour devenir membre doit être parrainé ».

Le statut « haute couture » n'existe qu'à Paris.

Histoire

Préambule

— Jean-Baptiste Colbert, ministre du roi Louis XIV au XVIIe siècle

La prééminence française dans la mode date sans doute du XVIIe siècle, époque à laquelle les arts, l'architecture, la musique et la mode de la Cour de Louis XIV à Versailles sont admirés et imités par l'Europe entière. Lorsque le chemin de fer et les bateaux à vapeur le permettent, il devient courant pour les dames de la haute société européenne de faire le voyage à Paris pour y acheter vêtements et accessoires. Les tailleurs et les modistes français ont alors la réputation d'être les plus talentueux, et leurs créations sont les plus recherchées.

Rose Bertin, marchande de modes, peut-être considérée comme l'une des premières grandes personnalités de la haute couture française. En 1770, cette jeune créatrice de mode ouvre sa maison de couture à l'enseigne « Le Grand Mogol » dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris ; une audace rare dans un univers d'entrepreneurs essentiellement masculins. Introduite auprès de la reine Marie-Antoinette, elle s'impose rapidement comme la faiseuse de mode de la Cour, gagnant en cela le titre flatteur et envié de « Ministre des Modes » auprès de la souveraine. Sous son impulsion créatrice, la haute couture française explose de diversité et d’invention : coiffure à la belle poule, pouf aux sentiments, chapeau feu l’Opéra, à la Montgolfier ou à la Philadelphie…

Prince des tailleurs et tailleurs des princes, Louis Hippolyte Leroy règne sur la mode française sous le Premier Empire. Fournisseur attitré de Napoléon Ier et de son épouse Joséphine de Beauharnais, il dessine et coupe les costumes de l'Empereur et de l'Impératrice pour leur sacre dans la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1804. À la tête d'une prospère et luxueuse maison de couture située rue de Richelieu à Paris (comprenant salon d’essayage, atelier, boutique), il devient le premier couturier vedette de son époque, refusant de vendre aux provinciales ou aux dames ne se déplaçant pas en personne chez lui dans leur propre voiture. Paris est déjà le temple de la mode avec plus de 2 400 tailleurs référencés.

Invention de la haute couture

Sous Napoléon III, Paris se transforme en « la ville lumière », et son prestige attire les talents de l'Europe entière. Un jeune couturier d'origine anglaise, Charles Frederick Worth (1826–1895), s'installe dans la capitale française. Après un premier apprentissage auprès de la maison Gagelin, il ouvre sa propre maison de couture rue de la Paix, à proximité de la renommée place Vendôme. Innovant et original, il introduit de nouvelles pratiques commerciales : c'est la naissance du défilé de mode sur mannequin vivant (alors appelé sosie) et du concept de « collection », également mis en œuvre dans les grands magasins naissants comme Au Bon Marché d'Aristide Boucicaut (surnommé « Au Bonheur des Dames »). La légende, ses nombreuses inventions, et l'autopromotion agressive de Charles Frederick Worth lui font par la suite s'octroyer le titre de « père de la haute couture », bien qu'il ne fût ni le premier ni le seul, à œuvrer dans l'univers de la haute couture parisienne. Worth crée en 1868 une Chambre syndicale de la confection et de la couture pour dames et fillettes, destinée à protéger ses membres contre les copies, où la distinction entre couture et confection n'est pas clairement établie. En 1911, l'organisation prend le nom de Chambre syndicale de la couture parisienne. Mais dès les années 1880, le terme de « haute couture » est établi.

En 1914, les sœurs Callot, Paul Poiret, Jacques Worth, Jeanne Paquin, Louise Chéruit, Jenny Sacerdote, Paul Rodier et le soyeux Bianchini-Férier forment le Syndicat de défense de la grande couture française, dont Paul Poiret prend la présidence, suivi par Georges Dœuillet, avec pour objectif de défendre leurs modèles contre les copies non autorisées. Dans une « profession de foi » adressée au New York Times en 1915, Poiret fustige en particulier les méthodes des « acheteurs américains ».

Les générations suivantes de la haute couture française incluent Jean Patou, Madeleine Vionnet, Lanvin, Gabrielle Chanel, Schiaparelli, Balenciaga ou Dior.

À partir de 1947, la haute couture révolutionnée par Christian Dior, vit son second « âge d'or ».

Au milieu des années 1960, un groupe de jeunes stylistes apparus dans le sillage de Christian Dior créèrent leurs propres maisons parisiennes. Les plus célèbres sont Yves Saint Laurent, Pierre Cardin, André Courrèges et Emanuel Ungaro. Plus tard au XXe siècle apparaissent notamment Christian Lacroix, Jean-Paul Gaultier ou Thierry Mugler : dans les années 1980, après une longue période de déclin, la haute couture retrouve son dynamisme.

Aujourd'hui, la haute couture n'est plus l'activité essentielle, en termes économiques, pour la dizaine de grandes maisons parisiennes qui la pratiquent encore. D'abord parce qu'elle n'est pas rentable : les exigences de ce métier (travail long, réalisé à la main dans des ateliers français, etc.) ont pour conséquence des prix inabordables au commun des mortels. Certaines robes se négocient plus de 100 000 euros.

Cette activité permet de faire subsister nombre de fournisseurs, dont l'entreprise est généralement artisanale et ancienne, à l'instar du brodeur Lesage ou du plumassier Lemarié. Élisabeth Ponsolle des Portes du Comité Colbert souligne par ailleurs qu'« il me paraîtrait normal que la haute couture soit considérée pour ce qu'elle est : un patrimoine français détenu par des artisans d'excellence ».

Mais si elle n'est pas rentable, la haute couture sert de vitrine pour diffuser l'image de marque des maisons, ce qui leur permet de commercialiser du prêt-à-porter vers une clientèle plus large ainsi que, de plus en plus, des accessoires et des parfums, deux activités extrêmement rentables. Certaines maisons sont connues pour avoir poussé à l'extrême cette logique de la licence et du merchandisage, comme Pierre Cardin, dont le prestige dégringola rapidement, le surnombre et la mauvaise qualité des produits portant sa griffe dévalorisant peu à peu le prestige de sa marque.

Enfin, depuis les années 1960, la scène de la mode s'est internationalisée, et les clientes ont pris l'habitude de prêter attention également aux créateurs de prêt-à-porter de New York ou de Milan, Paris conservant cependant son rôle de capitale de la mode.

Collections

Chaque année, deux collections haute couture sont présentées au travers des défilés de mode inscrits dans le calendrier officiel de la Fédération française de la couture du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode. La présentation des collections printemps/été se déroule durant le mois de janvier de l'année correspondante, et celle des collections automne/hiver au début du mois de juillet pour la saison de l'année suivante. La France est historiquement la première à avoir organisé ces défilés, suivie de l'Italie présentant du prêt-à-porter.

Organisation

La Chambre syndicale de la haute couture est de nos jours l'une des trois composantes de la Fédération française de la Couture du Prêt-à-porter des Couturiers et des Créateurs de mode, créée en 1973 et présidée par Didier Grumbach jusqu'en 2014, qui compte une centaine de membres au total ; on trouve au sein de cette fédération la Chambre pour le Prêt-à-porter des Couturiers et des Créateurs de Mode créée en 1973 également, pour le prêt-à-porter féminin, et celle de la Mode masculine datant de la même année. Cette dernière chambre, composée de 35 membres, est présidée par Thierry Andretta de chez Lanvin. La Chambre Syndicale du Prêt-à-porter des Couturiers et des Créateurs est dirigée par Ralph Toledano. Par ailleurs, la Fédération française de la couture est adhérente de la Confédération française des métiers d’art, qui existe depuis 1947.

L'École de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, située maintenant rue Réaumur à Paris, est fondée en 1927 et a vu passer en son sein nombre de couturiers prestigieux comme André Courrèges, Yves Saint Laurent, ou Valentino, ainsi que la génération plus récente comme Alexis Mabille, Julien Fournié, Stéphane Rolland ou Maxime Simoëns.

Ateliers

À partir d'un croquis ou d'un moulage sur mannequin du couturier, les créations sont réalisées dans un atelier. Les maisons de haute couture disposent traditionnellement de deux ateliers : un de « flou » et un de « tailleur » : le « flou » pour les matières fluides, permettant de réaliser robes du soir ou de cocktail ; le « tailleur » pour les vêtements structurés comme les manteaux, vestes, pantalons, jupes droites. Ces ateliers peuvent être composés de quelques personnes, et jusqu'à une centaine pour certaines maisons comme Dior.

Liste des membres

Liste officielle des maisons de haute couture :

Membres permanents

Membres correspondants

Membres invités

Cette catégorie qui existe depuis 1998, pour lancer de nouvelles marques françaises et étrangères de luxe permet aux créateurs de s'exposer pendant une période propice et de défiler en parallèle des grandes maisons dans des lieux moins connus.

Janvier 2012

Janvier 2013

Juillet 2013

Janvier 2014

Juillet 2014

Janvier 2015

Juillet 2015

Janvier 2016

Juillet 2016

Janvier 2017

Janvier 2020

  • Julie de Libran
  • Rahul Mishra
  • Imane Ayissi

Joaillerie

Correspondants, invités et autres

Les membres « correspondants » sont des membres étrangers.

La création de ce titre date de 1997. Le titre de « membre invité » leur est attribué à la suite d'un vote du comité de direction de la Chambre syndicale de la haute couture parisienne qui leur permet d'accéder à ce club très fermé. Les membres « invités » ne disposent pas de l'appellation « haute couture » mais seulement de l'usage du terme « couture ». Leur éventuel passage au titre de « membre complet » ne se base pas seulement sur l'ancienneté, car, même en remplissant toutes les conditions nécessaires, il faut au moins deux ans de défilés réguliers en tant qu'invité pour prétendre devenir membre permanent et satisfaire à nouveau à un vote du comité de direction.

Calendrier OFF

Le Calendrier OFF est un calendrier parallèle à celui de la Fédération de la haute couture. Il réunit les maisons de couture (et non pas de haute couture, label protégé) qui souhaitent présenter leurs collections au même moment que celles des grands couturiers.

C'est seulement après plusieurs saisons en Off, et un parrainage par au moins un des membres permanents haute couture, que la maison peut demander un accès en calendrier officiel, en tant que « membre invité ».

Collection James Bond 007

Anciens membres

De nombreuses maisons ont fait de la haute couture et ont abandonné cette activité pour diverses raisons :

Mode-accessoires

  • Loulou de la Falaise (2009 / joaillerie)
  • Maison Michel (2009 / chapeaux)
  • Massaro (2009 / bottier, la maison appartient à Chanel depuis 2002)

Anciens membres invités (extrait)

Divers créateurs (liste non exhaustive) ont également été invités durant quelques saisons : Laurent Mercier, Adam Jones en 2008, Alexandre Matthieu, composée d'Alexandre Morgado et Matthieu Bureau, la marque est « membre invité » en 2009, Cathy Pill en 2008, Felipe Oliviera Baptista en 2007, Jean-Paul Knott en 2008, Josep Font en 2008, Lefranc Ferrant en 2008, Marc Le Bihan en 2008, Maxime Simoëns, membre invité jusqu'en , Richard René en 2008, Stéphane Mahéas, Udo Edling, WuYong, Josephus Thimister (en) en 2010…

Notes et références

Notes

Références

Annexes

Bibliographie

  • François-Marie Grau, La haute couture, Presses universitaires de France, Paris, 2000, 127 p. (ISBN 2-1305-1048-5)
  • Leila Le Cavorzin-Mille et Jean-François Anème, Haute couture : artisans-paruriers & couturiers, Neva éd., 2005, 103 p. (ISBN 2-3505-5019-2)
  • Janie Samet, Chère haute couture, Plon, Paris, 2006, 318 p. (ISBN 2-2592-0312-4)
  • (en) Mary Lynn Stewart, Dressing modern Frenchwomen : marketing haute couture, 1919-1939, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 2008, 305 p. (ISBN 978-0-8018-8803-8)
  • Olivier Saillard et Anne Zazzo (préf. Bertrand Delanoë), Paris Haute Couture : [exposition, Paris, Hôtel de Ville, Salle Saint-Jean, mars-juin 2013], Paris, Skira, , 287 p. (ISBN 978-2-08-128605-4)
  • Guénolée Milleret (préf. Alexis Mabille), Haute couture : Histoire de l'industrie de la création française des précurseurs à nos jours, Paris, Eyrolles, , 192 p. (ISBN 978-2-212-14098-9, lire en ligne)

Exposition

  • « Paris Haute Couture », Hôtel de ville de Paris, au (100 pièces des collections du musée Galliera) présentation en ligne

Articles connexes

  • Conseil des créateurs de mode américains
  • Comité Colbert
  • Semaine des défilés
  • La mode sous l'occupation - New Look

Liens externes

  • Jean Paul Cauvin, « Haute Couture : réveille-toi ! », sur puretrend.com, (consulté le )
  • [image] « Paris Photo expose les clichés haute couture de Cathleen Naundorf », Style, sur lemonde.fr, M, (consulté le )
  • Carine Bizet, « Haute couture, les mystérieuses clientes », Style, sur lemonde.fr, M, (consulté le )
  • Interview d'Olivier Saillard in : Stéphanie Chayet, « Olivier Saillard : « Ouvrons la haute couture » », sur Le Monde (consulté le )
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