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Débats télévisés de l'élection présidentielle américaine


Débats télévisés de l'élection présidentielle américaine


Les débats télévisés de l'élection présidentielle américaine sont des évènements politiques et médiatiques des élections présidentielles américaines depuis 1960.

Lors de ces scrutins présidentiels, il est devenu habituel pour les principaux candidats (presque toujours des candidats des deux grands partis, actuellement le Parti démocrate et le Parti républicain) de s'engager dans un débat télévisé. Les sujets abordés y sont souvent des questions d'actualité, et il est convenu que certains débats ont joué sur le cours de l'élection (notamment celui de Richard Nixon contre John Kennedy). Ces débats ne sont pas officiellement prévus par la constitution, et restent davantage une convention qu'une obligation. La principale cible politique visée sont les indécis, afin de les convaincre à quelques semaines des élections.

Ils ont généralement lieu vers la fin de la campagne électorale, une fois que les deux partis ont désigné leurs candidats. Les candidats répondent à un journaliste ou un parterre de citoyens dans une grande salle, souvent située dans une université. Les formats des débats ont varié, avec des questions parfois posées par un ou plusieurs journalistes et dans d'autres cas, les membres de l'auditoire. Entre 1988 et 2000, les formats sont régies en détail par des mémorandums secrets d'entente (PE) entre les deux principaux candidats, un protocole d'entente pour l'année 2004 a également été négocié, mais à la différence des accords précédents, il a été publié conjointement par les deux candidats. Les débats sont retransmis en direct à la télévision et à la radio. Le premier débat de l'élection de 1960 a attiré plus de 66 millions de téléspectateurs sur une population de 179 millions, ce qui en fait l'une des émissions les plus regardée de l'histoire de la télévision américaine. En 1980, les débats ont attiré 80 millions de téléspectateurs sur un total de 226 millions d'habitants. Les débats récents ont attiré un public décidément plus restreint, allant de 46 millions de téléspectateurs pour le premier débat de 2000 à plus de 67 millions pour le premier débat en 2012.

Histoire

Prémices

Alors que le premier débat télévisé présidentiel n'a lieu qu'en 1960, plusieurs autres débats l'ont précédé, sous d'autres formes.

En 1858, la série de sept débats entre Abraham Lincoln et le sénateur sortant Stephen A. Douglas pour le poste de sénateur de l'Illinois, est un vrai débat face-à-face, sans modérateur, les candidats se relayant pour effectuer un discours d'une heure, puis laissant à l'autre candidat une heure et demie pour réfuter, et, enfin, au premier candidat un droit de réponse d'une demi-heure. Douglas a finalement été réélu. Lors de l'élection présidentielle de 1860, Lincoln et Douglas se retrouvent candidats de leur parti (respectivement pour les Républicains et les Démocrates du Nord), même s'ils n'ont pas l'occasion d'à nouveau croiser le fer, sont marqués dans leurs positions et leur façon de mener campagne par l'échange qu'ils avaient eu deux ans auparavant.

En 1940, le candidat républicain Wendell Willkie demande au président Franklin D. Roosevelt de participer à un débat, mais Roosevelt refuse.

En 1948, un débat radiophonique a eu lieu dans l'Oregon entre Thomas E. Dewey et Harold Stassen, candidats à la primaire républicaine pour la présidence (cf. l'article « débat Dewey-Stassen »). Les démocrates font de même en 1956, avec un débat pendant la primaire entre Adlai Stevenson et Estes Kefauver. L'organisation estudiantine de l'université du Maryland invite ensuite les deux principaux candidats à la présidence à un débat organisé au sein de leur établissement. En août 1956, le Baltimore Sun écrit un article sous le titre « Immigrant Urges Presidential Debates » (« Les immigrés demandent des débats présidentiels »). Les deux candidats ont alors été contactés et on examiné cette suggestion. Fred A. Kahn, un étudiant de l'université du Maryland en 1960, a été l'un des premiers promoteurs nationaux des débats présidentiels. En août 1956, M. Kahn a adressé une lettre au président de l'université, Wilson H. Elkins, dans laquelle il propose de convier les candidats des deux grands partis sur la même plate-forme pour répondre aux questions d'un panel d'étudiants. Kahn a également envoyé des lettres aux présidents des partis démocrate et républicain, au gouverneur du Maryland Théodore McKeldin, et à l'ancienne Première dame Eleanor Roosevelt. Madame Roosevelt a répondu à Kahn qu'elle sentait que cet enthousiasme était partagé par beaucoup de jeunes à travers le pays, et que ce serait un geste non seulement pour les étudiants de l'université du Maryland mais pour toute la jeunesse américaine. Elle a alors envoyé un courrier à ce sujet à James Finnegan, directeur de campagne d'Adlai Stevenson, approuvant la proposition de Kahn. Rien n'a finalement lieu. L'impact précis de la proposition de Kahn sur les débats Kennedy-Nixon lors de la campagne présidentielle suivante, en 1960, n'est pas claire, ses idées ne bénéficiant d'une exposition médiatique nationale. Quatre ans plus tard, les premiers débats télévisés (entre Kennedy et Nixon) sont organisés.

1960

Le premier débat télévisé pour l'élection présidentielle se tient le , entre le sénateur et candidat démocrate John F. Kennedy et le vice-président et candidat républicain Richard Nixon, à Chicago dans les studios de CBS-TV WBBM. L'historien J.N. Druckman note que la télévision a notablement influencé le public sur la perception qu'ils ont du candidat (par exemple sur leur intégrité). Dans le même temps, la télévision a également coïncidé avec une situation géopolitique de plus en plus polarisée et idéologique (la Guerre froide). Trois autres débats ont eu lieu entre les candidats. On considère que c'est Kennedy qui fut le plus à l'aise, grâce aux conseils du réalisateur télévisuel et futur cinéaste Franklin Schaffner.

Aucun débat télévisé n'est organisé entre les candidats des élections de 1964, 1968 et 1972, notamment par crainte de similaires conséquences à la défaite de Nixon en 1960, sauf pendant la primaire démocrate de 1968, entre Robert F. Kennedy et Eugene McCarthy, et celle de 1972 entre George McGovern et Hubert Humphrey.

Depuis 1976

Ce n'est qu'en 1976 qu'une nouvelle série de débats télévisés présidentiels a lieu pendant la campagne électorale. Ceux-ci sont parrainés par la Ligue des femmes électrices. Le 23 septembre 1976, le candidat démocrate, Jimmy Carter, gouverneur de la Géorgie, et le président sortant, le républicain Gerald Ford, acceptent l'organisation de trois débats télévisés (un sur les questions intérieures, l'un sur la politique étrangère, et l'autre sur des sujets divers) tourné dans un studio devant un public. Un seul débat vice-présidentiel a lieu cette année-là : il oppose le sénateur démocrate Walter Mondale et le sénateur républicain Bob Dole.

L'influence de ces débats télévisés sur les électeurs a de nouveau été démontré lors de ce scrutin. Ford bénéficiait alors d'une large avance sur Carter dans les sondages, et de l’avis des commentateurs avait remporté le premier débat sur la politique intérieure. Toutefois, lors du deuxième débat sur la politique étrangère, Ford a fait une déclaration largement considérée comme une bourde : « Il n'y a pas de domination soviétique sur l'Europe orientale et il n'y en aura jamais sous une administration Ford ». Après cela, l'avance de Ford dans les sondages s'est réduite, et Carter a remporté l'élection d'une très courte avance.

Les débats jouent à nouveau un rôle important lors de l'élection de 1980. Au départ, le président Carter possède dans les sondages une avance certaine sur son adversaire, le gouverneur de Californie Ronald Reagan. Au cours des débats, grâce à des années d'expérience devant une caméra en tant qu'acteur, Reagan gagne la sympathie des téléspectateurs et remonte dans les sondages face à Carter, jusqu'à sa victoire (fruit également d'autres conjonctures).

L'année 1992 présente le premier débat impliquant les candidats des deux grands partis (le républicain et président sortant George H. W. Bush, et le démocrate Bill Clinton) avec un troisième, indépendant, en la personne du milliardaire Ross Perot. Le président Bush est alors critiqué pour son hésitation à participer à des débats à trois, ne jugeant pas opportun de se mesurer à un candidat qui contrecarre le système bipartisan en place. En outre, on lui reproche de regarder sa montre, pour vérifier combien de temps il restait à lui et ses adversaires, alors qu'une électrice lui demande s'il était touché par le niveau de la dette (c'est lors de cette campagne présidentielle que sont adoptées une formule de débats face à un public d'électeurs indécis, appelées « Townhall meetings » ou « discussions municipales »).

Parmi les modérateurs ayant animé ces débats, on relève notamment Bernard Shaw, Bill Moyers, Jim Lehrer, et Barbara Walters. Ils sont sélectionnés par la Commission des débats présidentiels, une association créée en 1987 et dirigée conjointement par des démocrates et des républicains.

Le Saint Anselm College a accueilli quatre débats en 2004 et 2008, étant un lieu favori pour ces confrontations en raison de l'histoire du collège dans la primaire du New Hampshire (la première primaire de chaque élection).

L'université Washington de Saint-Louis a accueilli des débats à trois reprises (en 1992, 2000 et 2004), soit plus que tout autre endroit. L'université a également été prévue pour accueillir un débat en 1996, mais on a finalement négocié entre les deux candidats de réduire le nombre de débats de trois à deux. L'université a accueilli le seul débat vice-présidentiel de 2008.

Règles et format des débats

Certains débats présentent les deux candidats debout derrière des pupitres ou autour de tables de conférence, avec le modérateur situé de l'autre côté. Selon le format convenu, c'est soit un modérateur, soit un membre du public qui est habilité à poser des questions. En général il n'y a pas des déclarations liminaires, juste des déclarations de clôture.

Un tirage au sort détermine qui pourra répondre à la première question. Ensuite, chaque candidat répond à la suite de l’autre ou de façon alternative. Une fois qu'une question est posée, le candidat dispose de 2 minutes pour y répondre. Après cela, le candidat adverse a environ 1 minute pour répondre et réfuter les arguments de son concurrent. À la discrétion de l'animateur, la discussion de la question peut être prolongé de 30 secondes par candidat.

Dans les débats récents, des lumières colorées ressemblant à feux ont été installés pour aide le candidat à connaître la durée restante : « vert » indiquant 30 secondes, « jaune » indiquant 15 secondes et « rouge » indiquant seulement 5 secondes restantes. Si nécessaire, un signal sonore peut être utilisé, ou bien un drapeau.

Contrôle des débats

La question du contrôle des débats présidentiels a donné lieu à des discussions pendant plus de deux décennies. Ce rôle incombe d'abord à la Ligue des femmes électrices (LWV), une organisation civique, en 1976, 1980 et 1984. En 1987, la LWV retire son parrainage des débats, pour protester contre les candidats des principaux partis, qui tentent de dicter presque tous les aspects de la manière dont ces débats doivent être menés. Le 2 octobre 1988, les 14 administrateurs de la LMW votent ainsi à l'unanimité ce retrait, et, le 3 octobre, publient un communiqué de presse :

« La Ligue des femmes électrices retire son parrainage des débats présidentiels… parce que les exigences des deux équipes de campagne vont engendrer des erreurs de jugement sur l'électeur américain. Il est devenu clair pour nous que ces équipes visent à ajouter ces débats à des campagnes électorales dépourvues de substance, de spontanéité et dépourvues de réponses à des questions concrètes. La Ligue n'a pas l'intention de devenir un accessoire pour tromper le public américain. »

Selon le LWV, ce retrait s'explique parce que « les équipes ont communiqué leur accord à la Ligue le 28 septembre, soit deux semaines avant le débat programmé. L'accord a été négocié à huis clos, 16 pages de conditions n'étant pas soumises à la négociation. Le plus inacceptable pour la Ligue… étaient les conditions de l'entente qui ont donné aux équipes un contrôle sans précédent sur la procédure… [y compris] le contrôle de la sélection des intervenants, la composition de l'auditoire, l'accès à la salle pour la presse et d'autres questions ».

La même année, les deux principaux partis politiques ont confié le contrôle de l'organisation des débats présidentiels à la Commission sur les débats présidentiels (CPD). Cette commission est dirigée depuis sa création par d'anciens présidents du Comité national démocrate et du Comité national républicain. Certains ont critiqué l'exclusion des tiers partis et des candidats indépendants ainsi que la condition d'obtenir au moins 15 % dans les sondages pour être invité. En 2004, d'un autre côté, la Commission de débat des citoyens (CDC) a été créée avec pour mission déclarée de rendre le contrôle des débats à un organisme indépendant non partisan et non un organe bipartite. Néanmoins, la CPD a conservé le contrôle des débats cette année-là ainsi qu'en 2008.

Les débats présidentiels

Élection présidentielle de 1960

Élection présidentielle de 1976

Élection présidentielle de 1980

Élection présidentielle de 1984

Élection présidentielle de 1988

Élection présidentielle de 1992

Élection présidentielle de 1996

Élection présidentielle de 2000

Élection présidentielle de 2004

Élection présidentielle de 2008

Élection présidentielle de 2012

Élection présidentielle de 2016

Élection présidentielle de 2020

Élection présidentielle de 2024

Le 27 juin 2024, des millions d'Américains ont suivi le débat de 90 minutes organisé par CNN entre Joe Biden et Donald Trump. 60 % des électeurs s'y intéressent.

Les débats des vice-présidents

Les débats entre les colistiers à la présidentielle des États-Unis existent depuis l'élection de 1976. Ils ont généralement peu d'incidence sur le résultat de l'élection. Certains sont restés célèbres :

  • 1976 : Bob Dole, colistier du président républicain Gerald Ford, reproche à son adversaire Walter Mondale, colistier du futur vainqueur Jimmy Carter, de représenter un parti belliciste : « Si on totalisait le nombre de morts et de blessés lors des guerres démocrates au cours de ce siècle, on atteindrait le chiffre de 1,6 million d'Américains, autrement dit de la ville de Détroit ».
  • 1988 : le républicain Dan Quayle compare sa carrière politique à celle de l'ancien président démocrate John F. Kennedy. Son rival, le démocrate Lloyd Bentsen, lui répond : « Sénateur, j’ai travaillé avec Jack Kennedy. Je connaissais Jack Kennedy. Jack Kennedy était un ami. Sénateur, vous n'êtes pas Jack Kennedy ».
  • 1992 : le candidat indépendant à la vice-présidence, le vice-amiral James Stockdale (Ross Perot est candidat à la présidence) a un moment d'oubli face au démocrate Al Gore et au républicain Dan Quayle, et déclare, en faisant rire le public : « Qui-suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? ».
  • 2004 : le candidat républicain Dick Cheney affirme au démocrate John Edwards : « La première fois que je vous ai vu, c'est quand vous êtes entré sur scène ce soir ».
  • 2008 : la candidate républicaine Sarah Palin déclare dès son arrivée sur le plateau télévisé au démocrate Joe Biden : « Je peux vous appeler Joe ? ».
Collection James Bond 007

Synthèse

Dans la fiction

  • 2003 : Président par accident, film de Chris Rock

Notes et références

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « United States presidential election debates » (voir la liste des auteurs).

Articles connexes

  • Débat télévisé du second tour de l'élection présidentielle française
  • Débat télévisé
  • Commission sur les débats présidentiels
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Text submitted to CC-BY-SA license. Source: Débats télévisés de l'élection présidentielle américaine by Wikipedia (Historical)