José Luis de Vilallonga, de son nom complet José Luis de Vilallonga y Cabeza de Vaca, né le à Madrid et mort le à Andratx (Majorque), est un aristocrate espagnol, connu comme écrivain, journaliste et acteur de cinéma.
Grand d'Espagne, issu d'une famille proche de la cour d'Alphonse XIII, il participe dès l'âge de 16 ans à la guerre civile (1936-1939) du côté des nationalistes dirigés par Francisco Franco. Après la guerre, il entame une courte carrière diplomatique, puis mène la vie de la jet set internationale, tout en publiant des articles et des romans, et en menant une carrière cinématographique dans des rôles de second plan.
Vivant principalement en France de 1951 à 1975, il participe en Espagne à la transition démocratique postérieure à la mort de Franco en novembre 1975.
Biographie
Origines familiales et formation
Issu d'une famille de haute noblesse, il détenait les titres de marquis de Castellbell, grand d'Espagne, de marquis de Castellmeià, de baron de Segur et de baron de Maldà et Maldanell.
Son père, Salvador de Villalonga y Carcer, est un ami du roi Alphonse XIII. Sa mère est María del Carmen Cabeza de Vaca y Carvajal, fille du IXe marquis de Portago.
Il fait ses études secondaires au collège des Jésuites de Barcelone.
En 1931, à la chute d'Alphonse XIII, la famille se réfugie à Biarritz, puis rentre en Espagne au bout de six mois.
Période de la guerre civile (1936-1939)
Au début de la guerre civile (lancée le 18 juillet 1936), José Luis s'engage du côtés des rebelles dirigés par le général Franco, soulevés contre le gouvernement de Front populaire issu des élections de mars 1936.
Entré dans le corps des Requetés (unités navarraises issues du mouvement carliste) avec le grade d'aspirant (alferez), il devient officier dans l'armée franquiste.
Sa participation à la guerre civile est évoquée dans Fiesta (1971), roman qui a été adapté au cinéma par Pierre Boutron (Fiesta, 1995).
Carrière à l'époque franquiste (1939-1975)
Après la guerre civile, ses parents envisagent pour lui une carrière diplomatique, qu'il mène pendant quelques années seulement. Il commence dès cette époque à écrire pour des journaux de Barcelone.
Il vit en Angleterre avec sa première épouse, puis de 1945 à 1950, en Argentine, où il se consacre à l'élevage de chevaux. Après un séjour en Espagne, il part pour la France en 1951. La publication de Les ramblas finissent à la mer en 1953 en fait une persona non grata dans l'Espagne franquiste, pour plusieurs années.
Il collabore à des journaux français, publie d'autres livres et fait du cinéma.
Mariages et descendance
Il se marie à quatre reprises :
en 1945, il épouse d'abord l'aristocrate britannique Priscilla Scott-Ellis (1916-1983), dont il divorce en 1956 ;
en 1958, avec Ursula Dietrich (divorce en 1972),
en 1974, avec Syliane Stella Morell (divorce en 1995),
en 1999, avec la journaliste Begoña Aranguren.
Il laisse après sa mort deux enfants nés de son premier mariage, John et Carmen, et un fils par adoption au cours de son quatrième mariage, Fabricio.
Il a aussi vécu avec l'actrice Madeleine Robinson.
Au cours des années 1960, il entretient une relation amoureuse avec Michèle Girardon rencontrée sur le tournage du film Les Amants. L'acteur espagnol est marié et, quand il divorce en 1972, c'est pour épouser une autre femme. L'actrice, qui se trouve confrontée à la fois à l'échec de sa vie privée et au déclin de sa carrière sombre dans la dépression. Elle se suicide en mars 1975, par intoxication aux somnifères[réf. nécessaire].
Carrière dans l'Espagne post-franquiste
Il adhère pleinement à la transition démocratique postérieure à la mort de Franco en novembre 1974. Il devient même membre du PSOE en 1981 (qu'il quitte en 1994).
Son livre Le Roi (1993) raconte (avec l'accord du Palais royal) les péripéties de la « Transition démocratique espagnole » (à partir de la mort de Franco en ), notamment les interventions du roi Juan Carlos.
Carrière au cinéma
De lignée aristocratique, incarnation du fier hidalgo espagnol, il doit le plus souvent tenir un rôle de mari ou d'amant distingué[réf. nécessaire].
À l'exception du réalisateur Charles Gérard qui lui confie un rôle de prêtre dans La Loi des hommes en 1962.
Carrière littéraire
Il a presque toujours publié en français, sauf Les ramblas finissent à la mer, traduit de l'espagnol.
Il obtient un succès critique et public assez important à la fin des années 1950 et au début des années 1960, d'abord pour L'Homme de sang, puis, à un moindre degré, pour L'Homme de plaisir.
Mort et funérailles
Mort dans sa propriété d'Andratx, il est inhumé au cimetière du Poblenou à Barcelone.
Acteur
Cinéma
1958 : Les Amants de Louis Malle : Raoul Flores
1960 : L'Ennemi dans l'ombre de Charles Gérard : Georges Dandieu
1961 : Vive Henri IV, vive l'amour de Claude Autant-Lara :
1961 : Le Rendez-vous de minuit de Roger Leenhardt : Bob
1961 : Les Mauvais Coups de François Leterrier : Prévieux
1961 : L’Affaire Nina B. (Affäre Nina B) de Robert Siodmak : Kurt
1961 : Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany's) de Blake Edwards : José da Silva Pereira
1962 : Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda : L’amant de Cléo
1962 : Les Bonnes Causes de Christian-Jaque : Paul Dupré
1962 : La Loi des hommes de Charles Gérard : Le prêtre
1962 : Les Parisiennes, segment Sophie de Marc Allégret : Louis
1963 : Mélodie en sous-sol d’Henri Verneuil : Monsieur Grimp
1964 : Et vint le jour de la vengeance (Behold a Pale Horse) de Fred Zinnemann : le fournisseur de chevaux
1964 : Le Cocu magnifique d'Antonio Pietrangeli : le Président du syndicat
1965 : Les Trois Visages, segment Les amants célèbres de Mauro Bolognini : Rodolph
1965 : Darling de John Schlesinger : Prince Cesare della Romita
1965 : Juliette des esprits (Giulietta degli spiriti) de Federico Fellini : l'ami de Giorgio
1966 : Une vierge pour le prince de Pasquale Festa Campanile : Alessandro de Medici
1966 : Technique d'un meurtre de Franco Prosperi : Dr. Goldstein / Frank Secchy
1967 : L'homme qui trahit la mafia, de Charles Gérard : Mario Verona
1971 : Le Viager de Pierre Tchernia : un général
1971 : Sapho ou la Fureur d'aimer de Georges Farrel : Maurice Duran-Vior
1971 : Le Casse d'Henri Verneuil : M. Tasco
1973 : Les Anges de Jean Desvilles : Bernard
1975 : Trop c'est trop de Didier Kaminka : le photographe
1976 : Chi dice donna, dice donna de Tonino Cervi, segment Donne d'affari : Louis
1976 : Le Bon et les Méchants de Claude Lelouch
1980 : Eugenio de Luigi Comencini : Tristano
1980 : Une femme au bout de la nuit de Daniel Daert : Xavier
1981 : Patricia, un voyage pour l'amour de Hubert Frank : Lord James Cook
1981 : Patrimonio nacional de Luis García Berlanga : Álvaro
1982 : Nacional III de Luis García Berlanga : Álvaro
1983 : Femmes de Tana Kaleya
1985 : Tex et le Seigneur des abysses (Tex e il signore degli abissi) de Duccio Tessari : Docteur Warton
1989 : L'indomptée de Javier Elorrieta : Don José
1992 : El largo invierno de Jaime Camino
Télévision
1966 : Plainte contre X, téléfilm de Philippe Ducrest : Hubert de Montaillac
1967 : Le Chevalier Tempête, feuilleton télévisé de Yannick Andréi : Castellan
1967 : Les Chevaliers du ciel, série télévisée de François Villiers : Max (13 épisodes)
1968 : Le Corso des tireurs, téléfilm de Philippe Ducrest : Alexandre
1968 : La tempête, téléfilm de François Gir : Alonso
1968 : Le comte Yoster a bien l'honneur, épisode Rien ne va plus : Stefan Morlawski
1968 : Sébastien parmi les hommes, feuilleton télévisé de Cécile Aubry : M. Lambert, le père de Sylvia
1969 : Le Chevalier Tempête, feuilleton télévisé de Yannick Andréi : Castellan (3 épisodes)
1970 : Reportage sur un squelette ou Masques et bergamasques, téléfilm de Michel Mitrani
1970 : Lumière violente, série télévisée de Roger Gillioz (épisode 7) : le gouverneur
1973 : La Duchesse d'Avila, feuilleton télévisé de Philippe Ducrest : Alphonse Van Worden
1974 : Le Faux, téléfilm de Philippe Ducrest : Sillan
1997 : Hostal Royal Manzanares, série télévisée : Don Adolfo
1998 : Maître Da Costa, série télévisée : Duke Papirov
Théâtre
1969 : Quelque chose comme Glenariff de Danièle Lord et Henri Garcin, mise en scène Henri Garcin, Théâtre des Mathurins
Publications
Romans
Les ramblas finissent à la mer, collection "Méditerranée", Seuil, 1953 (traduit de l'espagnol par Emmanuel Roblès)
Les Gens de bien, collection "Méditerranée", Seuil, 1955
L'Heure dangereuse du petit matin, Seuil, 1957 (recueil de nouvelles)
L'Homme de sang, Seuil, 1959
L’Homme de plaisir, Seuil, 1961, (ISBN 2020009617)
Allegro Barbaro, Seuil, 1969, (ISBN 2020010771)
Fiesta, Paris, Seuil, 1970 (reprise : Paris, Robert Laffont, 1995, (ISBN 2221082133) (adapté au cinéma par Pierre Boutron en 1995)
(es) José Luis de Vilallonga, El sable del Caudillo : historia secreta del hombre que gobernó España como un cortijo, Barcelone, Plaza & Janés ed., , 393-48 p., 23 cm (ISBN 84-01-37593-2, BNF 37049212)
José Luis de Vilallonga (trad. de l'espagnol par Nicole Muchnik), Le Sabre du Caudillo : histoire secrète de l'homme qui gouverna l'Espagne comme s'il s'agissait d'une ferme [« El sable de Caudillo : historia secreta del hombre que gobernó España como un cortijo »], Paris, éd. Robert Laffont, , 350-8 p., 24 cm (ISBN 2-221-08748-8, BNF 2-221-08748-8).
Essais
Gold gotha, Seuil, 1972, (ISBN 202002103X)
Le Gentilhomme européen, Paris, Fixot, 1992, (ISBN 2876451476). Prix Saint-Simon 1993.